Fondeur
TUSEY

Description:
Regroupés sous TUSEY (près de VAUCOULEURS – Meuse) : Fonderies de Tusey, Gasne, Muel, Muel et Wahl, Zégut, Dufilhol, Dufilhol et Chapal, Chevalier
Historique
1ère période 1832-1840
Adresse : Tusey (55, Vaucouleurs)
Magasins en 1837 : 5 rue au Maire (Aumaire), à Paris IIIe
Créées en 1832 par Pierre Adolphe Muel, issu d’une famille de maîtres de forges vosgiens, les fonderies de Tusey s’orientent, dès l’origine, vers la fabrication d’objets artistiques en fonte de fer.
La production de statues a été prévue avec l’utilisation de châssis en bois ou en fonte pour remplacer la coulée en fosse, ce qui réduit considérablement le coût.
Le sable vert de Cousances (Cousances-les-Forges, Meuse, arr. Bar-le-Duc, c. Ancerville) ou d’Hévilliers (Meuse, arr. Bar-le-Duc, c. Montiers-sur-Saulx), pour remplacer la terre, apporte une meilleure qualité de la pièce coulée, principalement pour les statues et œuvres d’art.
L’almanach du commerce de 1837 indique l’adresse de Tusey, la forge Muel étant représentée par H. Wahl : 5 rue au Maire (Aumaire), à Paris IIIe
(Wahl est déjà revendeur des fers d’Abainville (Meuse, arr. Commercy, c Gondrecourt-le-Château) usine qui est propriété du frère de Muel).
Muel coulera les 2 fontaines, ainsi que 16 colonnes rostrales de la place de la Concorde (1834-1837). Ce mobilier urbain en fonte, symbole de l’union de l’Art et de l’Industrie, est le premier et magistral exemple d’une production qui va révolutionner l’urbanisme et exporter un art de vivre français dans le monde entier.
Dans son traité : De la Fonderie telle qu’elle existe en France… André Guettier, professeur à l’École royale des Arts et métiers d’Angers, et ancien directeur de la fonderie de Tusey (1839-1843), décrit précisément les techniques de fabrication et de revêtement des fontaines de la place de la Concorde. Il témoigne ainsi d’un savoir-faire parfaitement maîtrisé dès la première moitié du XIXe siècle.
2e période 1840-1862
Muel s’associera à Wahl en 1840. Muel fait faillite en 1843. En 1844, est créée par la famille Barbe et Schmitz de Nancy la Société des usines et fonderies de Tusey. Départ de Schmitz. L’usine passe aux propriétaires : Muel, Wahl et Cie jusqu’au décès de Muel en 1862.
3e période 1862-1864
Louis-Constant Liandier devient propriétaire dans le courant de l’année 1862. Il place Édouard Zégut à la direction de l’usine (1862-1874). Liandier est déclaré en faillite le 25 janvier 1864.
4e période 1864-1866
Les fonderies passent dans les mains de Jean-Baptiste Charles Barbe et François Barbe, négociants à Nancy. Zégut reste directeur. Il devient propriétaire à la suite des difficultés financières de la famille Barbe qui fait faillite à Liverdun en 1867.
5e période 1866-1874-1878
Édouard Nicolas Zégut, régisseur de la fonderie du Val d’Osne jusqu’en 1855 est un ancien associé du fondeur d’art haut-marnais Durenne à Sommevoire qui appartient à Viry. Il y est indiqué comme maître de forges. Il est maire de la commune jusqu’en décembre 1862, date à laquelle il quitte Sommevoire pour s’installer à Tusey. Il devient propriétaire des fonderies de Tusey en 1866. L’inventaire de 1869 montre une augmentation importante des modèles. Zégut poursuit l’activité de Tusey jusqu’à sa mort en 1874. Sa veuve et ses héritiers poursuivent l’activité jusqu’à la vente courant 1878 à Joseph Baron, propriétaire à Paris. Puis la famille Zégut quitte Tusey.
6e période 1878-1884
La période Baron laisse peu de traces. Sa fin, en 1884, mouvementée sur le plan juridique s’achève par la surenchère de Louis Gasne qui achète la fonderie.
7e période 1874-1896
Louis Gasne succède à Zégut en 1874 et rachète la fonderie en 1884. Il en sera à la tête pendant plus de 20 ans (1874-1896). Il prend l’habitude de signer ses productions d’un cachet bien visible « Louis Gasne, maître de forges à Tusey ». En 1887, l’entreprise prend de l’importance. 1889 est l’année de tous les succès. Lors de l’Exposition universelle, il remporte une médaille d’or : fournitures de fontes décoratives pour les deux pavillons de l’architecte Formigé, présentation de statues profanes et religieuses et la fontaine monumentale du sculpteur Saint-Vidal sous la tour Eiffel (fontaine représentant les cinq parties du monde, titre exact : La Nuit essayant d’arrêter le génie de la lumière qui s’efforce d’éclairer la vérité. cf. Francis de Saint-Vidal dans Wikipédia).
Il expose des produits liés au centenaire qu’il va commercialiser habilement. Les catalogues de 1892 témoignent de l’éclectisme de la production de Tusey.
En 1896, il vend Tusey à Dufilhol et Chapal. Il mourra à Paris en 1913.
En 1901, Gasne rachète la « Société anonyme de fonderie artistique » à la fonderie Thiébaut, dirigée alors par Victor Thiébaut, le fonds représentant la branche artistique de l’entreprise. Il installe alors ses ateliers 28 rue Guersant dans le 17e, pratiquant à la fois la fonte au sable et à la cire perdue. Il travaille pour Rodin, mais peu de temps puisqu’il revend en 1906 sa société « Gasne successeur de Thiébaut frères » à Joseph Malesset.
Le fait que Gasne ait pratiqué à Tusey, en plus de la fonte au sable, la fonte à cire perdue, fait rarissime pour l’époque et unique pour un fondeur travaillant industriellement, et qu’il ait été repreneur de Thiébaut par la suite, laisse présumer d’un intérêt sensible pour les bronzes d’art qui ne fit que décroître après son départ.
Zégut puis Gasne contracteront un accord avec Louis Thiriot, propriétaire de modèles à Paris (92, rue Amelot). Quelques modèles Thiriot apparaissent dans le catalogue Zégut. Celui de Gasne (1888-1889) comporte tous les modèles du catalogue Thiriot (1887).
8e période 1896-1898
Le passage de Gaston Chapal (1871- †1921) à Tusey sera de courte durée. En 1895, il est nommé ingénieur aux fonderies de Tusey, où il devient associé (Société Dufilhol & Chapal). En 1898, il reprend, avec son père, les fonderies et ateliers de Kerloc, à Auray. Il dirige, dans le même temps, les scieries et ateliers de Voutenay (Yonne).
9e période 1898-1904
Dufilhol poursuit seul l’activité des fonderies jusqu’à la faillite de 1904.
Lors de l’Exposition Universelle de 1899, la fonderie de Tusey expose notamment un Valet de chien de Dagonet en fonte de fer, du mobilier urbain, des monuments et des pièces ornementales en fonte.
Dufilhol enrichira le fonds de modèles artistiques. L’entreprise réalise essentiellement des travaux d’édition et quelques monuments : statue de Vercingétorix à Gien, monument commémoratif à Laon.
10e période 1904-1935
En 1904, après la faillite de Dulfilhol, la fonderie devient la propriété de Laurent Chevailler, entrepreneur à Tunis. Il produira des grenades « citron » pendant la Guerre de 1914-1918. Après la guerre, il produira des monuments aux morts et cessera la production de fontes d’art autour de 1920. Il commence à produire des pièces mécaniques qui constitueront bientôt l’essentiel de la production.
À sa mort, les fonderies de Tusey poursuivent leur activité sous la dénomination Les héritiers de L. Chevailler jusqu’en 1935. Il existe un catalogue de 1925 ne comportant plus de fontes d’art, mais simplement des éléments de serrurerie : balcons, appuis de croisées… De 1930 à 1935, date de sa mise en faillite, l’entreprise connaît une chute vertigineuse.
La société sera reprise par Pierre Esch en 1935. Elle fusionnera avec les Ateliers et Fonderies de Meuse (ancienne Fonderie Jeanne d’Arc à Vaucouleurs), qui deviendront Fonderies de Vaucouleurs en 1961. Le site de Tusey est abandonné en 1963 et la production de fontes mécaniques est recentrée sur Vaucouleurs.
11e période 1935-1963
En octobre 1935, Pierre Esch loue les locaux aux héritiers Chevailler pour exploiter la fonderie. En octobre 1949, la fonderie de Tusey fusionne avec une autre fonderie de Vaucouleurs, créée au XIXe siècle : la « Société anonyme des ateliers et fonderies de la Meuse » (ancienne Fonderie Jeanne d’Arc). La nouvelle société prend le nom d’Ateliers et Fonderies de Tusey et de la Meuse, puis Fonderies de Vaucouleurs en 1961.
Les deux sites existent jusqu’en 1963, date de la fermeture de l’usine de Tusey : le personnel rejoint le site de Vaucouleurs qui poursuit son activité.
Les modèles de Tusey seront rachetés par Capitain-Gény et Salin (maîtres de forges et beaux-frères) à une date indéterminée. Un certain nombre d’entre eux figurent aujourd’hui dans le fonds de modèles Ferry-Capitain. Le fonds Salin a été acquis par la communauté de communes de la Haute-Saulx.
Productions
Dans une monographie éditée par la Société industrielle de l’Est en 1906, Laurent Chevailler cite les travaux principaux de l’usine depuis sa fondation :
– Les Fontaines monumentales, Colonnes rostrales et candélabres de la place de la Concorde à Paris,
– Les Fontaines monumentales des villes de Reims, Chaumont, Aix-en-Provence, Vitry-le-François, Poligny, etc.
– Les grands Groupes décoratifs des Halles et de la gare du Midi à Bruxelles, de la résidence royale de Laeken (Belgique),
– Le monument John Cockerill à Seraing,
– La Vierge de 7 mètres de haut placée à Sion (Meuthe-et-Moselle),
– La Vierge de huit mètres de haut placée à Velars (Côte-d’Or)
– Les grandes statues : Génie de la Métallurgie et de la Rubannerie à Saint-Étienne,
– Le groupe du Général Margueritte, blessé à Fresnes-en-Woëvre,
– La Colonne commémorative de Laon,
– La statue de Vercingétorix (4 m de haut) à Gien,
– Des monuments commémoratifs du Centenaire de 1789 d’un grand nombre de villes,
– La grande Jeanne d’Arc de trois mètres soixante placée à Albi,
– Le pont de Puteaux, les colonnes du Métropolitain, les colonnes de la Salle des fêtes de l’Exposition de 1900…
Catalogues
L’ASPM possède treize catalogues de la fonderie de Tusey dont :
– Muel, Wahl et Cie, non daté,
– Ed. Zégut, non daté,
– Louis Gasne : 1887
– Louis Gasne : 1888-1889
– Louis Gasne : 1892 (reprint)
– P. Dufilhol : 1897
– Les Héritiers de L. Chevailler : 1925
– Le catalogue Dufilhol et Chapal (1896), numérisé par l’association Bradfer
Voir ici : http://www.fontesdart.org/aspm/?s=CAT_TUSE&sa=search&scat=10
Lire :
Fontes n° 94 – Septembre 2014. Nous avons suivi particulièrement la chronologie en 11 périodes de l’article de Sylvain ROZE, Une histoire en 11 épisodes, p. 10-21.
Sources et liens externes
Sources : 1) DEVAUX (Yves), L’univers des bronzes…, Paris,1978, p.276 (Gasne, seulement cité), 282 (Muel, seulement cité), 303 (Zégut, seulement cité). - 2) HACHET (Jean-Charles), Dictionnaire illustré des sculpteurs animaliers et fondeurs, de l’Antiquité à nos jours, 2 vol., 1800 pages, 2005. Les fondeurs, tome II, p.846 (Gasne), 864 seulement cité), 883 (Tusey). - 3) LEBON (Elisabeth), Dictionnaire des fondeurs, 2003, p. 162-163 (Gasne, Tusey), 254 (Tusey).4806 vues au total, 0 vues aujourd'hui
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2 réponses à “TUSEY”
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Bonjour,
J’ai beaucoup apprécié les différents articles de votre blog.
Me permettez-vous d’en utiliser les différents éléments pour construire une fiche dans notre base, en vous indiquant bien entendu comme source, en particulier pour la fontaine de la Rotonde et ultérieurement pour ce qui concerne le sculpture métallique ?
En ce qui concerne les fonderies de Tusey, comme toutes les autres fonderies, elles avaient une adresse parisienne plus élégante que celle de la Meuse.
Mon adresse mail : mariejoseperchet@gmail.com
Bien à vous