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Sculpteur

NOREST

Informations :

  • Prénom: Jean Pascal François
  • Nationalité: Française
  • Activité: Sculpteur
  • Date et lieu de naissance et de décès: Né à Dieppe le 12 août 1822 - Décédé à Paris le 1 octobre 1870

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NOREST
Fiche créée ou mise à jour par : le 4 septembre 2018

Description:

Norest : « Le Roi des Ivoiriers ». Son père était tisserand. Ne souhaitant pas exercer le métier de son père, il entre en apprentissage à Dieppe dans l’atelier de Thomas-Nicolas-Prosper TELLIER. Plus tard, il est employé par Auguste Philibert  MEUGNIOT et, vers 1840, il est contremaître dans l’atelier de Charles Etienne THOMAS. Ils sont tous des grands noms de l’ivoirerie dieppoise, ainsi Jean NOREST reçut sa formation de mains expertes.

À l’âge de 22 ans, donc en 1846, Jean NOREST s’installe à Paris.

Il entre à l’Académie des Beaux-Arts sous la direction du sculpteur CALLOUETTE (1790-1868) – 3e Prix de Rome en 1809 et 2nd Prix de Rome en 1818 et il se parfait à l’anatomie du corps humain en suivant l’enseignement du fameux Docteur Auzoux (1797-1880). Il fréquente l’atelier du sculpteur DAVID d’ANGERS (1788-1856) et l’atelier du sculpteur CARRIER-BELLEUSE (1824-1887).

Au fil des années, Jean NOREST se construit une solide réputation avec un moment fort en 1855 lorsqu’il reçoit la médaille de 1ère Classe dans la section des Ivoires à l’Exposition Universelle de Paris. Cette médaille reconnait l’exécution supérieure à « tous les autres » de ses Crucifix et de ses statuettes.

Parmi « tous les autres » dont le talent n’atteint pas celui de Jean NOREST on relève le chef de file des Ivoiriers dieppois Théodore BLARD qui reçoit une Médaille de 2ième Classe pour un Christ qualifié de « très bien sculpté ». On relève également GRAILLON père et fils qui reçoivent conjointement une Médaille de 2e Classe pour leurs sculptures en ivoire et en terre cuite. Et, toujours dans la même section des Ivoires dans laquelle Jean NOREST a concouru, une mention honorable est décernée à Auguste BLARD, le frère de Théodore, à SAC-ÉPÉE, à Veuve HEBERT, à BRUNEL, à OUIN, à HEU, à DEPOILLY et à OUVRIER, tous Ivoiriers à Dieppe.

Ainsi le Jury de l’Exposition de 1855 à Paris consacre le talent de Jean NOREST en le jugeant supérieur à celui d’Ivoiriers aussi célèbres que BLARD, GRAILLON ou BRUNEL. On trouve là l’origine du titre de ROI des Ivoiriers qui désigne Jean NOREST.

Il n’y a pas que le Jury de l’Exposition Universelle de Paris pour reconnaître le talent exceptionnel de Jean NOREST, il y a aussi, et surtout, Henri BORDEAUX le Directeur du Journal Le Conseiller des Artistes qui le 15 novembre 1863 consacre une page entière de son Journal à Jean NOREST. C’est en ces termes qu’il décrit le travail de Jean NOREST : Le mérite des productions de M. Norest est une originalité hors ligne, jointe à une exquise élégance, que complète la pureté des formes, qui rappellent à s’y méprendre les plus belles époques des chefs-d’œuvre de l’art antique.

Henri BORDEAUX le recommande « respectueusement » au Comte Alfred Émilien O’Hara van NIEUWERKERKE, Directeur Général des Musées Impériaux, Haut-Fonctionnaire le plus influent sur la politique impériale relative aux Beaux-Arts. En 1868, NIEUWERKERKE recommande Jean NOREST auprès du Préfet de la Seine pour un emploi de Professeur de Dessin à la ville de Paris.

Malheureusement la vie de Jean NOREST va s’éteindre peu de temps après.

Le 5 septembre 1870 il perd sa plus jeune fille Berthe Césarine et, un mois plus tard, précisément le 1 octobre 1870 à 20H00, Jean-Pascal François NOREST meurt à son domicile 9 rue Peletier à l’âge de 48 ans, victime de la variole noire qu’il aurait contractée pendant son service de garde nationale.

 

SON OEUVRE

Pour comprendre ce qui fait la grandeur de l’œuvre de Jean NOREST il faut relire ce commentaire écrit par R.GIRAUD l’auteur de L’Ivoire et les Ivoiriers Dieppois publié dans Le Magasin Pittoresque en août 1901 : « Rappellerons-nous que, toujours le crayon à la main pour se délasser du burin ou de l’ébauchoir, considérant le culte du dessin ou de la forme et l’étude de la nature comme la probité de l’artiste, jamais il ne passa un jour sans tracer au moins une ligne. »

Ainsi, Jean NOREST est un Dessinateur et un Sculpteur.  Créateur de Formes, avec la sculpture, Jean NOREST donne la vie au Dessin.

Ses Madones et ses Vénus, chacune symboles de l’Amour à leur façon, étaient particulièrement appréciées pour leur forme élancée et leur grâce naturelle. Le Victoria & Albert Museum conserve une Aphrodite signée sur son socle Jn (F) Norest sc. 1855 Paris.

RIGAUD décrit une Hébé de Jean NOREST en ces termes : Tout est à louer dans ce petit chef d’œuvre, l’habileté du faire, la science du nu et du modelé, le naturel de l’expression et de la pose, avec je ne sais quelle grâce, plus charmante encore que la beauté, qui captive l’esprit, le cœur et les yeux.

Peut-on exprimer un plus grand enthousiasme vis-à-vis d’un Artiste ?

Le Christ en Ivoire d’après celui de GIRARDON que Jean NOREST présenta à l’exposition de 1855 participa grandement à construire sa réputation. Ce Christ ou un modèle identique a été acheté à la « Maison Grégoire », un Marchand Lyonnais, pour la coquette somme de 6 000 Francs afin d’être offert à la Veuve du Président Carnot. Afin de se rendre compte du prix de vente considérable du Christ en Ivoire de Jean NOREST, signe de la reconnaissance de son immense talent, il faut savoir qu’un Ouvrier parisien qui sculptait sur ivoire gagnait en 1860 entre 5 et 7 Francs par Jour.

Une autre œuvre dont le prix est tout aussi révélateur du talent qu’on reconnaissait officiellement à Jean NOREST est un Buste de Napoléon III que l’Etat commanda à Jean NOREST en 1868 et pour lequel il fut rémunéré à hauteur de 3 000 Francs. Ce Buste qui a été conservé par l’Impératrice Eugénie présentait l’Empereur lauré à la Tibère, drapé à l’antique, en bronze, le pied en porphyre.

Jean NOREST ne fût pas seulement un Sculpteur de sujets religieux ou profanes, il donna la vie à ses dessins ainsi qu’aux dessins d’autres Sculpteurs.

On peut affirmer, avec une grande probabilité, que c’est Jean NOREST qui sculpta dans l’Ivoire la Miséricorde divine accueillant le repentir signée « H. de Triqueti » pour Henri de Triqueti (1803-1874).

Jean NOREST n’eût pas comme seul donneur d’ordres Henri de TRIQUETI. Malheureusement le XIXe siècle, en donnant la part belle à l’Edition, a ignoré la majorité des artistes qui coopéraient à la réalisation des œuvres. Les « éditeurs ou donneurs d’ordres » avec qui Jean NOREST a collaboré ont refusé l’inscription de son nom sauf un, Salvatore MARCHI, raison pour laquelle on découvre parfois sur des œuvres éditées par la Maison MARCHI le nom de J NOREST signifiant qu’il est le créateur du modèle original.

 

Quelques œuvres :

  • Christ en ivoire provenant de l’atelier de Jean NOREST

Ce cadre exceptionnel en bois sculpté et doré sert d’écrin à un Christ en ivoire qu’on peut attribuer sans grand risque à Jean NOREST. En effet, au dos du cadre est clouée une plaquette en ivoire libellée comme suit : CHRIST . ivoire de JN. NOREST Médaillé de 1ère Classe à l’ExpositUniv.lle de Paris. 1855. Ce bel ensemble a donc été composé après 1855.

Le Christ en Ivoire, d’une hauteur tête-pieds de 27 cm est du même type que les Christs qu’on attribue d’ordinaire à Louis Henry BRUNEL (1818-1882).  Sans signature avérée sur les Christs en ivoire du même type attribués à Louis Henry BRUNEL, peut-être faut-il y voir une anomalie et finalement attribuer ce type de Christ en Ivoire à l’atelier de Jean NOREST.

A moins que les 2 Hommes nés dans la même ville et du même âge se soient copiés mutuellement ou aient copié un modèle existant par ailleurs.

La richesse exceptionnelle du cadre haut de 90 cm qui sert d’écrin à ce Christ en ivoire  traduit la valeur que les contemporains de Jean NOREST attachait à une œuvre née entre ses mains.

Nota : Ce cadre était en vente en décembre 2010 sur le site du Bon Coin. Il est aujourd’hui conservé par un Collectionneur Italien qui en prend grand soin.

  • Christ signé J. NOREST édité par la Maison MARCHI

Ce  modèle de Christ qu’on rencontre parfois sur les sites d’enchères comme Ebay a été dessiné par Jean NOREST et édité par la Maison MARCHI.

Salvatore MARCHI fait partie de ces rares éditeurs du XIXe siècle à avoir fait figurer sur les œuvres qu’il éditait le nom du créateur du modèle. Salvatore MARCHI ne faisait pas dans le luxe, il reproduisait par moulage des modèles qu’il présentait comme ici dans un cadre ovale sous verre bombé. Le matériau de moulage était souvent une terre argileuse de couleur blanche cuite à basse température nommée terre de pipe. C’est sur le suppedaneum qu’on découvre, directement gravé dans le moule, le nom de J.NOREST.

  • Bas-relief sculpté dans l’Ivoire qui représente le « Christ mort couché sur son linceul » d’après un tableau peint en 1654 par Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674)

Le Christ mort couché sur son linceul est un tableau peint en 1654 par Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674). Il appartient aux Collections du Louvre.

Les plus talentueux des ivoiriers du XIXe siècle n’ont pas craint d’imaginer une 3e dimension aux tableaux des maîtres qui étaient exposés dans les grands Musées Nationaux.

Cet exceptionnel bas-relief a une taille modeste 15.5 cm X 7.0 cm comparativement à l’original qui atteint 1.97 m. Sa taille réduite ne signifie pas pour autant que la 3e dimension, la profondeur, ne remplit qu’un rôle de figurant. Nous sommes avec cette plaque d’ivoire épaisse de 1.5 cm en présence d’une sculpture proche de la ronde-bosse, aux trois-quarts.

Le plan rapproché du visage sculpté par Jean NOREST permet d’apprécier la grande finesse de son trait. Jean NOREST a sculpté le coup de lance côté cœur conformément à la règle qui prévaut au XIXe siècle tandis que Philippe de Champaigne a fait figurer le coup de lance sur le côté droit du Christ conformément à la tradition.

Jean NOREST a gravé le nom de Philippe de CHAMPAIGNE dans le coin inférieur gauche de son œuvre et a signé JNOREST sculpsit 1854 dans le coin inférieur droit.

  • Apollon guidant le char du soleil et précédé d’Aurore d’après un tableau achevé en 1614 par Guido RENI (1575-1642), une œuvre exceptionnelle mais inachevée de Jean NOREST.

Apollon guidant le char du soleil et précédé d’Aurore est un tableau peint et achevé en 1614 par Guido RENI. Il est conservé à Rome dans les collections du Palazzo Pallavicini Rospigliosi. C’est un tableau d’une largeur de 7.00 mètres et d’une hauteur de 2.80 mètres.

Jean NOREST a imaginé une 3e dimension à l’œuvre de Guido RENI et a reproduit l’Aurora dans un bas-relief en ivoire dont les dimensions sont réduites d’un facteur 30 par rapport au tableau original. Cette réduction et la finesse du trait qu’elle exige constitue une réelle performance.

Malheureusement Jean NOREST ne mènera pas son projet à son terme. C’est sa Veuve Clémence Célestine née GARNOT qui en personne a rédigé et signé une inscription sur l’envers du bas-relief

 

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Cet exceptionnel Ivoirier est tombé dans un oubli total ce qui paraît incroyable au regard du talent qu’il déployait. Dans sa caverne de l’oubli, il n’est pas le seul. Quand j’avais rédigé la biographie de Pierre-Louis-Modeste POISSON, le Tabletier le plus médaillé du XIXe siècle je m’étais déjà étonné que cet exceptionnel ambassadeur de l’ivoire soit totalement inconnu.

Il est inconcevable qu’aucun Musée n’ait tenté de réveiller leur mémoire. Ces Hommes méritent leur place au firmament des Artistes.

Nota Cette oeuvre inachevée de Jean NOREST ainsi que la précédente Le Christ mort couché sur son linceul sont soigneusement conservées chez un Collectionneur passionné par les ivoires dieppois. Je le remercie pour sa coopération.

 

Sources et liens externes

Sources : Jean FRANÇOIS (ecrandenuit@orange.fr) Publié le 24 mars 2017 - Tous droits réservés 2008-2018 http://www.ecrandenuit.fr/les-tailleurs-dymages-norest-1822-1870.html
Numéro d'identification de la fiche : 4355b8e4d0feda8a

 

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