Fondeur
CHAPPÉE
Informations :
- Nationalité: Française
- Activité: Fondeur
- Date et lieu de naissance et de décès: 1854-1984
Description:
Cette fonderie installée à Antoigné dans le Maine n’a pas eu comme activité principale la fonderie d’ornement. Mais elle a produit néanmoins des fontaines, des équipements urbains qui sont à la frontière entre l’utile et le beau.
Vous pouvez voir des exemples de fontes Chappée et des illustrations publicitaires sur notre site fontesdart.org (https://www.fontesdart.org/catalogue-chappee-1896/)
Les Beaumanoirs de Lavardin, fondateurs des grosses forges d’Antoigné
Exploitées avant 1618, les forges d’Antoigné (Maine-et-Loire, arr. Saumur, c Montreuil-Bellay) ne sont mentionnées par écrit qu’à cette date et sont exploitées par un nommé La Royrie (ou Raoul de la Royrie). Elles auraient été construites pour un très grand seigneur manceau, Jean II de Beaumanoir (1551-1614), maréchal de France sous Henri IV et marquis de Lavardin ou pour son fils et ce afin de mettre en valeur les forêts de la terre de Lavardin. Elles resteront aux mains de la famille des Beaumanoirs (malgré une vente en 1705 à Réné III de Froullay, comte de Tessé et cousin des Beaumanoirs) jusqu’à la mise sous séquestre en 1791.
En 1798, la forge fut adjugée pour 2 010 000 francs à Nicolas Jacques Augustin Hébert de Hauteclerc, ingénieur des Ponts et Chaussées, originaire d’Alençon. Toutefois, ces seigneurs ne dirigent pas eux-mêmes ces établissements, elles sont baillées à des maîtres de forges.
Les gestionnaires des lieux : les maîtres de forge
De nombreux marchands ferronniers manceaux ou normands, détenteurs des capitaux et des réseaux commerciaux vont diriger les forges jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Ils louent la forge contre un loyer en argent et sont responsables de la gestion de l’établissement pour 6 à 9 ans ainsi que de la vente de la production. Ces maîtres de forge doivent donc avoir une solide assise financière pour supporter le prix du loyer et la constitution d’un stock de matières premières parfois plusieurs années avant le début du bail. Toutefois, l’affaire semble rentable comme les Desportes, famille mancelle, qui fut à la tête de différents établissements du Maine dont Antoigné aux XVIIe et XVIIIe siècle mais également des forges de Cormorin à Champrond. Ce fut d’ailleurs cette famille qui introduit le moulage de la poterie (marmite, chaudrons, poêlons, crêpières) et de poêlerie (plaque de cheminée, contre-cœurs, réchauds, poêles, fourneau à faire des confitures) vers1748.
Révolution française et forges : le temps des incertitudes
Le passage de la Révolution voit un changement de propriétaire des forges mais pas du mode de gestion. L’usine connaît toutefois une crise inhérente à deux facteurs : la médiocrité du minerai de fer local et les difficultés liées à son transport mais plus encore la concurrence des fers du Berry ou du Nivernais mais également d’établissement utilisant à la manière anglaise la houille et produisant fonte et fer à moindre coût sans parler des fers étrangers (Suède et Espagne) sont autant de difficultés à surmonter. De nombreuses fois vendu et mise en gestion lors des années qui suivirent la Révolution Française, la forge fut louée en 1827 à un grand propriétaire-cultivateur et naturaliste manceau célèbre, Charles Drouet. Il diversifia la production en fonte d’architecture et d’ornement prisées à l’époque. Après cette période de redressement, les forges furent louées à Isidore Buon qui fit faillite en 1848. Les Duboys d’Angers cessent d’affermer l’usine et louent une partie des bâtiments qui sont reconverti, quelque temps, pour la fabrication du chanvre…
La dynastie des Chappée : fondation et rayonnement (1854-1922)
Le fondateur Victor Doré. En 1854, Victor Doré et son associé Joseph Chevé (anciens ouvriers d’Antoigné qui possèdent déjà une usine de première fusion au Mans) louent l’usine à la descendante des Duboys d’Angers, Madame de Puisard. Dès leur arrivée, ils font construire un haut-fourneau qui va être incendié en 1859. Cette date est une charnière technique car elle marque la fin du haut-fourneau à Antoigné. Celui-ci est, en effet, remplacé par un cubilot pour la seconde fusion. En novembre 1860, Victor Doré reste seul patron des usines du Mans et d’Antoigné. Trois ans plus tard, l’usine produit 24 tonnes de moulage par jour, obtenu à partir de fonte anglaise. La production va encore croissante car le nombre d’ouvriers passe de 166 en 1863 à 240 en 1865. Ayant fait progresser l’usine de manière remarquable, Victor Doré se retire en 1875 et partage ses usines entre ses deux filles. Antoigné va revenir à l’épouse de Armand Chappée, Victorine, lui-même comptable dans la société dès 1856.
Armand Chappée ou l’artisan de la construction du groupe Chappée
Dates : Né à Auteuil le 30 avril 1835 – Décédé au Mans en septembre 1922
Il devient le directeur de l’entreprise et sera le digne continuateur de son beau-père.
En 1881-1882, Armand Chappée va profiter d’un vent de croissance apporté par le chemin de fer et le télégraphe qui a d’énorme besoin en matière première. En 1882, il achète la forge de Port-Brillet en Mayenne. Lorsqu’il obtient le Grand prix de fonderie à l’Exposition Universelle de 1889 après une première participation en 1878, sa production journalière est de 100 tonnes de moulage par jour. Après une période faste de 10 années, les marchés s’essoufflent et notamment face à la concurrence des grandes forges de l’Est de la France aux dépends de celles de l’Ouest. Obligation est donc de trouver de nouveaux produits et de toujours innover pour faire face à cette concurrence. De nombreux produits sont donc élaborés pour permettre une meilleure compétitivité de l’entreprise.
Société Chappée et fils
Dates : 1895 – Dissoute en 1922
En 1895, Armand Chappée fonde avec son fils cadet Louis la société « Chappée et fils » et associe son fils aîné, Julien, en 1896. À partir de 1897, la fabrication en série de radiateurs en fonte, dont les premiers modèles sont présentés avec une chaudière à l’Exposition Universelle de 1900, inaugure une nouvelle phase d’expansion pour le groupe. La Première Guerre Mondiale va permettre de continuer cette expansion car l’usine se transforme en pourvoyeur d’obus de tous calibres pour le front et se met ainsi au service de l’Artillerie et du Génie français. L’usine est donc particulièrement dynamique en 1922, lorsque meurt Armand Chappée, grand artisan de cette construction.
Société Anonyme des Établissements Chappée
Dates : 1922 – 1926
Le décès d’Armand Chappée entraîne la dissolution de la Société Chappée et fils et inaugure la création de la Société Anonyme des Établissements Chappée créée par Julien et Louis, les fils d’Armand Chappée, et ses petits-fils Pavin, Gervais et Benoît.
Cette date de 1922 marque également le début de la guerre entre les héritiers. En effet, depuis 1892, Louis le fils cadet, travaille avec son père dans l’usine alors que Julien, l’aîné (1862-1957), est plus porté sur la peinture et d’écriture. Toutefois, intéressé par les bénéfices du groupe et poussé par l’ambition de sa femme et de ses fils, il se trouve, à 60 ans, une âme de fondeur et entre en compétition avec son frère. Il impose également ses trois fils, qui n’ont aucune connaissance de la fonderie. Louis n’ayant pas d’héritier, Julien pense qu’il incarne l’avenir de la maison Chappée. Après 4 ans de guerre intestine au sein du groupe, Louis qui a fait rentrer dans la société un des ses employés, Emmanuel Letourneaux, pour modérer son frère ne parvient pas à ses fins. Las de ces conflits, cède ses parts en 1926 à son frère et se retire de l’usine qu’il laisse en pleine prospérité et quitte également son mandat de maire de Saint-Jamme.
Il ne faudra que quelques mois pour que Julien et ses fils accumulent des résultats désastreux malgré les conseils de Letourneaux.
Avant d’aller à la ruine, ils décident de céder l’industrie qui a vu se succéder 3 générations de Chappée. L’entreprise est donc revendue à Jean Raty, gérant de la Société des hauts-fourneaux de Saulnes en Lorraine qui crée la Société Générale de Fonderie.
Société Générale de Fonderie
Dates : vers 1945 – 1984
Après la seconde guerre Mondiale, l’usine d’Antoigné, intégrée à la Générale de Fonderie, va pleinement profiter de la reconstruction et de l’augmentation du niveau de vie. Avec la généralisation du chauffage central, la production des radiateurs devient une excellente affaire. L’entreprise atteint 1 800 personnes dans les années 60. Après la mécanisation des années 1959 et 60, la production de radiateurs, principale production de l’usine, peut atteindre 400 000 éléments par an et l’usine est en pleine expansion. Toutefois, à cette période, l’entreprise achète des usines tout azimut mais ne prend pas en compte le développement du chauffage électrique et les conséquences du premier choc pétrolier. L’usine va progressivement péricliter jusqu’à sa fermeture en 1984.
Ouvrages :
– Les barons du fer, MOINE (Jean-Marie), Presses universitaires de Nancy, 1989, p.80-81, 143.
– La Métallurgie du Maine : De l’âge du fer au milieu du XXe siècle (Broché) de Jean-François Belhoste
Le présent ouvrage retrace, dans la longue durée, l’histoire d’une activité qui a tenu une large place dans l’ancienne province du Maine (actuellement les départements de la Mayenne et de la Sarthe) de l’âge du fer au milieu du XXe siècle. L’étude s’inscrit dans une histoire plus large, celle de la métallurgie française à laquelle l’Inventaire général a déjà consacré cinq de ses « Cahiers du Patrimoine ». Le présent ouvrage s’attache, à partir de l’analyse des sites de forges et de fonderies, à présenter la synthèse des aspects économiques, humains, techniques et architecturaux de cette industrie. Il est illustré par une cartographie abondante, des documents anciens et des photographies de l’existant. Un cédérom présentant l’intégralité des notices et monographies de sites des époques moderne et contemporaine vient de compléter l’ensemble.
Broché: 408 pages – Éditeur : Centre des monuments nationaux (5 avril 2003) – Collection : Cahiers du Patrimoine – Langue : Français – ISBN-10: 2858227497 – ISBN-13: 978-2858227495
Complément
Le MansSources et liens externes
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