Fondeur
BINGEN
Description:
SABLE – CIRE PERDUE
Pierre BINGEN
État civil : Né en 1842 à Kanfen, Moselle – Décédé en 1908 à Châtillon (Hauts-de-Seine)
Nationalité : Française (il opte pour la nationalité française le 10 septembre 1872 à Paris)
Société :
PIERRE BINGEN – 1879 (au plus tard) – ?
PIERRE BINGEN, BRONZE À CIRE PERDUE – Dates : ?
PIERRE BINGEN & Cie – 1886-1893 – (Ce nom suppose une association. Le courrier adressé à Rodin à cette époque est signé « A. Kaulman »)
PIERRE BINGEN
A partir de 1893, Bingen raye les mots « & Cie ».
PIERRE BINGEN & Cie
Raison sociale reprise en 1899, sans doute jusqu’en 1904.
Adresses :
– 33, rue du Rocher à Paris 8e (quartier Europe, vers 1879-juillet 1885
– Peut-être 70 rue du Ponceau, Châtillon-sous-Bagneux (Seine) (une enveloppe, s. d., conservée aux arch. du musée Rodin) 1880 ?
– 74 rue des Plantes, Paris 14e (quartier Plaisance)
– 1885-1897, (locaux qui seront repris en 1909, par Claude Valsuani) ; Bingen logeait au-dessus de la fonderie
– Villa Collet (Paris 14e, débute au 119 rue Didot et se termine en impasse), 1896-1904
Signatures relevées par El. Lebon) :
P Bingen. Fondeur
Bingen Fondeur
Cire perdue de Jean. Carries P.Bingen Fondeur
Biographie :
Après avoir reçu une formation chez les orfèvres, il se spécialisa dans la fonte à la cire perdue.
La première fonte à cire perdue réussie par Bingen aurait été la tête de guerrier du groupe de Rude, ensuite acquise par Falguière.
Pierre Bingen s’établit à son compte à Paris au plus tard en 1879, rue du Rocher, où « il travaille dans une petite chambre (…) pour le compte des orfèvres ». Il partage en réalité une boutique de 48 m2 avec un fondeur de caractères d’imprimerie nommé Ginoux. C’est peut-être Dalou qui incita Bingen à s’installer à son compte, puisque dès juillet 1880, l’obscur fondeur reçoit de l’État la colossale commande de la fonte du monument à La République. Disposait-il d’autres locaux que celui de la rue du Rocher ?
Jules Dalou lui avait confié en 1889 la fonte à la cire perdue de son groupe monumental Le Triomphe de la République (place de la Nation à Paris), mais Bingen n’a pas pu honorer la commande pour des raisons techniques et financières. Le groupe dut finalement être terminé à la fonte au sable par Victor Thiébaut et être inauguré en 1899.
Bingen ne réussit pas non plus à livrer Le jeune vendangeur de Dumilâtre (Salon, 1886) dont la fonte fut finalement confiée à Barbedienne. Il achève toutefois par la suite deux monuments importants : le monument à Eugène Delacroix de Dalou, inauguré en 1890, et une monumentale Jeanne d’Arc de Paul Dubois, inaugurée à Reims en 1896.
La rencontre avec le sculpteur Carriès, en 1883, est également déterminante. Carriès passe de ses plâtres patinés à quelques fontes au sable. Déçu, il cherche à rencontrer le fondeur Bingen dont le bruit court qu’il a renoué avec le procédé de la cire perdue. Ils entament une coopération immédiate. Le patineur Jean Limet est rapidement associé au tandem Bingen-Carriès. Carriès présente Limet à Rodin et Bingen est aussi présenté au maître et commence à travailler pour lui dès 1884.
Dans les années 1890, les rapports s’altèrent entre Carriès (qui s’est fait potier dans le Nivernais), mais Bingen travaille avec lui jusqu’à la mort de Carriès en 1894.
En 1897, Bingen partage son atelier de la rue des Plantes avec un fondeur en pleine expansion, E. Gruet jeune, lequel garde « sa maison principale », avenue de Châtillon.
En 1898, les deux fondeurs quittent la rue des Plantes et leurs destins se séparent. Bingen s’installe seul dans une petite voie créée peu auparavant, la villa Colet où il loue depuis le milieu de 1896 un atelier.
En 1901, il y travaille avec un seul ouvrier. Pour les grosses pièces, l’énorme buste de Beethoven commandé par le sculpteur Max Klinger (1857-1920) qui dira qu’il a travaillé « avec des fondeurs improvisés, recrutés parmi des forgerons et des terrassiers ».
Il apparaît encore au Bottin du commerce jusqu’en 1904, puis on perd sa trace. Il faut bien constater que l’histoire de l’entreprise de Bingen n’est qu’une suite d’ambitions plus ou moins avortées et d’échecs commerciaux.
Au cours de sa carrière, il prend successivement comme raison sociale : Pierre Bingen, Bronze à cire perdue, puis Pierre Bingen et Cie.
Sa succession sera assurée d’abord par son fils Bingen Jeune en 1903 puis un peu plus tard par Costenoble.
BINGEN (Jean-Augustin)
Né le 13 mai 1855 à Paris – Décédé après 1913.
Augustin fut-il formé et employé par Pierre ? Il ouvre en tout cas sa propre entreprise de fonderie d’art au moment où les activités de Pierre périclitent complètement.
Augustin se retire à la fin de la durée du contrat qui le liait à Costenoble, en 1913. Il est alors âgé de 58 ans, et quitte une entreprise certes artisanale, mais relativement prospère qui a fondu, entre autres, pour Paul Dubois, et beaucoup pour Matisse.
On trouve trace en 1900 de ses successeurs Bingen Jr. et Costenoble.
BINGEN ET COSTENOBLE (1er avril 1903 – 1er avril ? 1913)
Augustin Bingen, mouleur en sable et cire perdue et Florimond Costenoble, mouleur en sable, s’associent à compter du 1er avril 1903 pour une durée de 10 ans. Ils passent sans véritable preuve pour les successeurs de Pierre Bingen, fondeur à cire perdue actif jusqu’en 1904. En 1910, l’entreprise se présente comme « une fonderie de cuivre et bronze, fondant des objets de petites dimensions ». Six ouvriers y sont employés. Ils figurent dans le Bottin professionnel comme « fondeurs en cuivre » jusqu’en 1912. Ils décident sans doute de dissoudre leur association à la fin du contrat car Bingen y apparaît seul en 1913. Il est alors âgé de 58 ans, et quitte une entreprise certes artisanale, mais relativement prospère qui a fondu, entre autres, pour Paul Dubois, et beaucoup pour Matisse.
La marque « Bingen et Costenoble » est exclusivement utilisée jusqu’en 1913 et ne l’est plus après la séparation des deux hommes.
Costenoble conserve les ateliers de la rue Bezout jusqu’en 1920, date à laquelle il cesse d’exercer et cède son activité à la Fonderie coopérative des Artistes (voir notice).
Le sculpteur Aristide Maillol vint se former à la fonderie Bingen et Costenoble, durant l’année 1905. Il y apprit la ciselure et la patine et peut-être les opérations de fonte puisqu’il essaya d’ouvrir sa propre fonderie, rue de Belleville, au début du siècle. Les statuettes de Maillol éditées ou fondues par Bingen et Costenoble étaient ciselées et patinées par le sculpteur. Il considérait Bingen et Costenoble pour les meilleurs fondeurs au sable de l’époque.
Signatures (relevées par El. Lebon) :
- BINGEN – COSTENOBLE Fondeurs Paris
- BINGEN ET COSTENOBLE Fondeur Paris
- BINGEN et F. COSTENOBLE Fondeurs Paris
Auguste BINGEN et Florimond COSTENOBLE
BINGEN JEUNE ET COSTENOBLE
BINGEN & COSTENOBLE Fondeurs Paris
Adresse : 26 rue Bezout, Paris 14e.
– LA FAMILLE BINGEN –
BINGEN Jean (1849-1887)
Frère cadet de Pierre Bingen, né et décédé à Paris. Il est déclaré « fondeur » à l’état-civil.
BINGEN (Jean-Augustin) – Né le 13 mai 1855 à Paris.
Augustin fut-il formé et employé par Pierre ? Il ouvre en tout cas sa propre entreprise de fonderie d’art au moment où les activités de Pierre périclitent complètement.
Augustin se retire à la fin de la durée du contrat qui le liait à Costenoble, en 1913. Il est alors âgé de 58 ans, et quitte une entreprise certes artisanale, mais relativement prospère qui a fondu, entre autres, pour Paul Dubois, et beaucoup pour Matisse.
BINGEN (Jean-Auguste et Jean-Augustin)
Le travail inédit du généalogiste Thierry Bingen (http://inha.revues.org/3474) a permis d’établir récemment des précisions généalogiques en trouvant trace d’un Jean-Auguste Bingen, qui se déclare « employé aux chemins de fer de l’est » (aucune descendance connue) et d’un Jean-Augustin (qui se dit également « employé », mais aussi « mouleur en plâtre et cire perdue » dans son acte de mariage), tous deux nés le 13 mai 1855 à Paris. S’agit-il de jumeaux ou plutôt d’un même homme dont l’orthographe du prénom a pu varier selon les sources ? Pierre Bingen est témoin du mariage d’Augustin en 1883, avec la fille d’un « directeur d’usine ». Augustin fut-il formé et employé par Pierre ? Il ouvre en tout cas sa propre entreprise de fonderie d’art au moment où les activités de Pierre périclitent complètement. Nous notons aussi (avec une certaine ironie) que certains travers (dus à la dureté du métier ou à des caractéristiques familiales ?) rapprochent les deux frères, puisque Maillol se fâcha avec son fondeur pour une question de malhonnêteté financière (anecdote rapportée par Judith Cladel, Aristide Maillol, Bernard Grasset, 1937, p. 78). Augustin se retire à la fin de la durée du contrat qui le liait à Costenoble, en 1913. Il est alors âgé de 58 ans, et quitte une entreprise certes artisanale, mais relativement prospère qui a fondu, entre autres, pour Paul Dubois, et beaucoup pour Matisse.
Pierre Bingen avait également une sœur Madeleine (née à Kanfen en 1847) qui épouse un dénommé Ginoux, employé lui aussi aux chemins de fer de l’Est. Or c’est avec un fondeur de caractères nommé Ginoux que Pierre Bingen partage un minuscule local de fonderie au début des années 1870. Nous trouvons là un milieu d’artisans ayant des racines mosellanes, d’abord rattaché au milieu du siècle à une entreprise des chemins de fer en plein essor et liée à la métallurgie, puis qui pour s’établir par la suite se tourne vers la production du bronze d’art.
Pierre Bingen, fondeur en terre ?
Lorsque Pierre Bingen se fait embaucher aux États-Unis par la fonderie Gorham, en 1906, il est accusé de profiter des installations mises à sa disposition pour mener secrètement ses propres expérimentations. Il est bien possible qu’il ait alors cherché à retrouver le procédé de fonte en terre, utilisé par les fondeurs français des siècles précédents, auquel il aurait pu s’intéresser avant son départ, poussé par la misère dans laquelle il tombait, et qui l’empêchait probablement de se fournir en cire. En effet, juste après son départ précipité, la fonderie Gorham se dit capable de procéder comme Bingen mais, au lieu d’un atelier de fonte à cire perdue, elle ouvre un atelier consacré à un procédé qu’elle nomme « Plaster Mold Process », qu’elle sera la seule fonderie américaine à appliquer (excepté une autre petite fonderie créée par un ex-employé) et qui se révèlera prospère y compris dans des applications pour l’industrie civile et militaire. Or il s’agit bien d’une application de la fonte en terre, puisque la chemise servant de fantôme pour conserver le vide destiné au métal est montée en terre. La différence avec le procédé d’Ancien régime tient au fait que chez Gorham le moule de potée est en plâtre, mais on peut imaginer sans peine que Bingen avait lui aussi eu l’idée d’utiliser ce matériau devenu très bon marché à son époque. Bingen quitte en effet Gorham en 1907, et dès 1908 Gorham applique son nouveau procédé à la production de petites statuettes (pour le procédé Gorham, voir 2006-Conner, pp. 58 à 60).
Annexe 1 :
Voir en développement de la notice Carriès : « Carriès et Bingen, le couple parfait » (http://inha.revues.org/3474#tocto3n3).
Annexe 2 : Le monument équestre de Jeanne d’Arc ou les étranges rapports entre Pierre Bingen et Edmond Gruet (http://inha.revues.org/3675) – Voir document pdf ci-joint à télécharger.
Sources et liens externes
Sources : 1) HACHET (Jean-Charles), Dictionnaire illustré des sculpteurs animaliers et fondeurs, de l’Antiquité à nos jours, 2 vol., 18000 pages, 2005. Les fondeurs, tome II, p. 817. - 2) KJELLBERG (Pierre), Les bronzes du XIXe siècle (dictionnaire des sculpteurs), Paris, les éditions de l’amateur, 1989, p. 658 - 3) LEBON (Elisabeth), Dictionnaire des fondeurs, 2003, p. 111-116. - 4) DEVAUX (Yves), L’univers des bronzes, Paris,1978, p.262. - 5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Bingen - 6) http://inha.revues.org/3675 - 7) http://inha.revues.org/3474 - 7) http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/resultat-collection.html?no_cache=1&zsz=1&zs_r_2_z=3&zs_r_2_w=Bingen%20et%20Costenoble&zs_ah=oeuvre&zs_rf=mos_a&zs_mf=21&zs_sf=0&zs_send_x=1&zs_liste_only=1 - 8) http://www.aracade.net/Statuaire%20d'edition.html#b%20Les%20artistes%20fondeurs2159 vues au total, 0 vues aujourd'hui
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